Rencontre avec Ricardo Moreira, directeur commercial chez Streamroot

27/04/2020

Ces dernières semaines, Kinow a pu rencontrer quelques-uns de ses partenaires pour des interviews spéciales « expert ». Ricardo Moreira, directeur commercial chez Streamroot, a répondu présent en abordant le sujet de l’avenir de la diffusion sportive en OTT.


Ricardo Moreira, directeur commercial chez Streamroot, a répondu présent en abordant le sujet de l’avenir de la diffusion sportive en OTT. Jeux olympiques, football, rugby, tennis, cyclisme, handball, voile, sport automobile… Ces prochaines années s’annoncent particulièrement riches en événements sportifs. L’émergence du sport en direct pourrait donc représenter un nouveau créneau pour les plateformes de streaming.

Ricardo

Ricardo a passé une bonne partie de ses 20 années de carrière à aider des acteurs média français et internationaux à diffuser leurs offres de contenus linéaires ou à la demande sur les différents types de supports. Cet accompagnement éclectique lui a permis d'intervenir sur l'ensemble du workflow media et de comprendre les enjeux associés aux différentes plateformes. Il est actuellement Directeur Commercial pour la zone EMEA chez Streamroot (groupe CenturyLink), leader mondial du streaming distribué.

Kinow intègre dans sa plateforme la solution de Streamroot pour améliorer l’expérience de streaming de l'utilisateur final.


Comment vois-tu l’avenir de la diffusion sportive ?

Ce n’est pas une surprise, toutes les études menées ces dernières années démontrent une forte croissante de la diffusion en ligne (OTT) des événements sportifs au détriment des diffusions traditionnelles « broadcast » type TNT ou satellite.

Pour ne citer qu’un exemple, la dernière finale du Superbowl a vu le nombre de spectateurs connectés augmenter de 20% alors que le nombre de spectateurs traditionnels a dans le même temps reculé de 5%.

Et cette tendance de fond n’est pas prête de s’arrêter, d’autant que les géants du Web se positionnent désormais clairement sur l’acquisition de droits sportifs premiums: dès 2021, Roland Garros sera diffusé en France pour partie par FranceTV – qui, grâce à la richesse de sa couverture de l’événement, capte d’ailleurs déjà une part substantielle de son audience en ligne - et pour partie par Amazon sur Prime Video. En 2021 toujours, la Bundesliga sera diffusée en Allemagne exclusivement sur les plateformes Amazon et DAZN. Voilà deux symboles majeurs de compétitions traditionnellement diffusées en hertzien qui migrent vers la diffusion OTT.

L’offre de streaming sportif va d’ailleurs bien au-delà des sports mainstream puisqu’on voit éclore une offre incroyablement riche de sports de niche dont la distribution n’était que peu ou pas exploitée auparavant.

Le streaming sportif ouvre le champ des possibles en termes d’expérience utilisateur - accès global et instantané ainsi qu’une offre de contenus illimitée - et de création de valeur économique. Concernant l’expérience utilisateur, il reste encore beaucoup d’usages à découvrir.


Quels sont les enjeux associés à cette tendance ?

Les enjeux sont nombreux et surtout diffèrent selon le type de service offert. Du point de vue du spectateur, la diffusion OTT d’un événement ou d’une compétition premium payante doit, pour tenir sa promesse originelle, offrir une expérience utilisateur qui concilie le meilleur des mondes connectés et broadcast: une offre de contenu enrichie et interactive certes mais aussi une qualité de visionnage et une continuité de service comparables à la diffusion broadcast, et ceci quel que soit le nombre de spectateurs connectés et quel que soit le support (TV, mobile..). Du point de vue du diffuseur et de l’ayant-droit, l’enjeu est aussi de pouvoir lutter efficacement contre le piratage. En termes techniques c’est sans aucun doute le cas d’usage le plus contraignant.

Les enjeux de la diffusion freemium intègrent une dimension économique, d’où l’émergence de la publicité ciblée. Mais attention il ne faut pas pour autant délaisser la qualité de la diffusion car il n’y a pas de revenu publicitaire avec une expérience déceptive.

Enfin, l’enjeu principal lié à la distribution en ligne des sports de niche porte davantage sur l’équation économique dans sa globalité et la maîtrise des coûts dans un environnement marché limité en volume. Cette question déporte la problématique technique en amont, notamment sur les moyens de production, traditionnellement consommateurs de moyens humains. Pour ce qui concerne la diffusion, l’enjeu est d’adresser une audience à la fois limitée et potentiellement géographiquement dispersée.


Pour la diffusion en ligne et en direct d’un événement sportif, il faut une infrastructure considérable. Les plateformes de streaming sont-elles prêtes à accueillir ce genre de contenu ?

La qualité de la diffusion en ligne des direct sportifs a énormément progressé ces dernières années : en « charge de croisière » notamment, les plateformes offrent un meilleur bitrate et un buffering plus faible.

Ces progrès ne doivent néanmoins pas cacher le chemin qui reste à parcourir : qu’il s’agisse de qualité d’image – notamment sur l’écran principal -, de buffering, de latence et même de continuité de service, les performances et la robustesse des plateformes de streaming n’atteignent pas encore les standards auxquels nous a habitué la diffusion broadcast linéaire traditionnelle. C’est d’autant plus vrai pour les événements sportifs à forte audience.

Car c’est toute la difficulté du streaming sportif mainstream: être capable de délivrer la même expérience utilisateur de qualité à chaque utilisateur qu’il y ait 1.000 ou 500.000 utilisateurs connectés simultanément. L’enjeu technique principal de la plateforme de streaming réside dans sa scalabilité dans un temps extrêmement contraint.

Les approches cloud et les technologies de conteneurisation ont grandement contribué à favoriser cette montée en charge. Pour autant, les plateformes OTT n’ont pas encore atteint l’âge de maturité : malgré les efforts de redondance, les workflow vidéo présentent bon nombre de SPOF (Single Point Of Failure) et les réseaux de nombreux points de congestion, notamment aux points de peering lors d’événements majeurs.

De fait, la question se pose de savoir quelle architecture de streaming accompagnera la montée en charge liée à l’UHD et aux réseaux 5G. Les infrastructures de streaming actuelles pourront-elles, sans investissements massifs, supporter cette évolution qualitative et quantitative ? Rien n’est moins sûr.

On observe déjà certaines tendances se dessiner parmi lesquelles celles des architectures distribuées: les technologies de edge computing visent par exemple à déporter au plus près de l’utilisateur final certaines fonctions du workflow vidéo auparavant centralisées.

Dans cette mouvance, certaines technologies vont jusqu’à décentraliser des fonctions du workflow jusqu’à l’utilisateur final : ainsi la technologie développée par Streamroot – aujourd’hui largement utilisée notamment par les principaux diffuseurs français – s’appuie sur le réseau mesh constitué par les utilisateurs pour diffuser une grande partie des vidéos traditionnellement diffusées par les CDN et ainsi améliorer la qualité de la diffusion.

Ces approches distribuées client ou edge-side qui mitigent les risques de “surchauffe” des plateformes et augmentent leur résilience ont de beaux jours devant elles.


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